
Conference on student reception by Campus France: the most strategic conference
Strengthening all links of the reception chain: this is the watchword of the Conference on Reception organised by Campus France on 7 and 8 June at the university of La Rochelle. Six plenary sessions and two workshops assessed the situation of international students in France. Many subjects were discussed this year, including student life, access to care, territorial coordination, visas, medical insurance, the Etudes en France process or the Bienvenue en France certification.
La 9e édition du Colloque de l’accueil, qui a réuni près de 30 intervenants et 400 participants issus de 160 établissements d’enseignement supérieur français, semble avoir été placée, sans que le mot soit prononcé, sous le thème du care, un terme anglophone qui traduit à la fois une action (s’occuper de, prendre soin de) et une attitude (soin, attention, sollicitude). Cette sollicitude à l’égard des étudiants internationaux prend de plus en plus de formes qui illustrent une prise de conscience collective, plus vive, de tous les acteurs de la « chaîne de l’accueil ».
L’accueil, un élément clé de l’attractivité
« Sans un effort massif en termes d’accueil, la France continuera de perdre des places » dans la compétition et le classement des grands pays d’accueil des étudiants étrangers. C’est avec ce propos fort que Donatienne Hissard, Directrice générale de Campus France, a ouvert le Colloque de l’accueil qui, selon ses termes, est au fond « le plus stratégique des colloques ».
L’accueil est en effet un élément clé de l’attractivité et, si le parcours de l’étudiant international en France reste encore quelquefois « un parcours d’obstacle », chacun à son niveau tente désormais de fournir « un effort majeur de coordination », afin de mettre en cohérence les efforts déployés et les politiques publiques. C’est d’abord le lancement en 2018 d’une nouvelle gestion de l’accueil des étudiants internationaux, grâce à la stratégie Bienvenue en France et son fonds d’amorçage de 10 M€, qui a donné l’impulsion nécessaire à cet effort de cohérence.
Les maillons de la chaîne, forces et faiblesses
Faisant suite au mot d’ouverture de la Directrice générale de Campus France, deux interventions étaient également attendues, celle d’abord de Benjamin Leperchey, adjoint à la Directrice générale de la DGESIP du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui a présenté quelques unes des priorités du MESR en faveur de l’accueil des étudiants internationaux. Rappelant à son tour que l’accueil constitue une chaine dans laquelle chacun joue un rôle essentiel, le représentant du ministère a développé deux points : l’aspect stratégique pour la France de l’accueil de ces étudiants qui représentent notamment un apport économique non négligeable et le fait que les droits différenciés, qui restent inégalement appliqués, pourraient être utilisés pour financer l’effort d’accueil des étudiants internationaux.
Le préfet Eric Jalon, Directeur général des étrangers en France au ministère de l’Intérieur, a longuement fait le point sur les deux axes principaux du parcours de l’étudiant en termes administratif : la délivrance des visas dans les services consulaires et la délivrance des titres de séjour dans les préfectures. Le représentant du ministère de l’intérieur, qui a ainsi plaidé pour davantage de fluidité dans ces parcours, a conclu non sans humour que, si « l’accueil des étudiants étrangers est une chaîne, le visa et le séjour, en constitue un nœud ».
Quatre types d’acteurs aux deux grandes étapes de la mobilité
Insistant également sur le fait que le Colloque de l’accueil reste profondément ancré sur les réalités de terrain, la Directrice générale de Campus France a résumé les trois démarches vers lesquelles on doit tendre : consolider et mutualiser les bonnes pratiques, alléger les démarches administratives, préparer en amont l’arrivée des étudiants.
Cette triple démarche qui se situe aux deux temps de la mobilité, avant le départ et pendant le séjour en France, est assurée par quatre grands types d’acteurs :
- les Espaces Campus France et les Postes diplomatiques ;
- les établissements d’enseignement supérieur et de recherche ;
- les territoires ;
- les acteurs institutionnels (Préfectures et CPAM).
En amont, les Espaces Campus France et les SCAC
L’une des séances plénières du colloque est ainsi venue rappeler le rôle essentiel des Espaces Campus France dans le monde, représentés au colloque par la Tunisie, l’un des pays à plus fort flux étudiant vers la France.
Les Espaces sont pilotés par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, qui travaillent sous la tutelle des Services de Coopération et d'Action culturelle (SCAC). Leur action commune s’inscrit dans une stratégie d’attractivité, renouvelée par la Feuille de route de l’influence du Ministère (2021) qui a fixé des objectifs précis : attirer les talents et accompagner la projection internationale des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, pour atteindre le nombre de 500 000 étudiants internationaux accueillis en France en 2027. D’autres objectifs qualitatifs sont définis, comme la priorisation de zones géographiques dans le monde ou le développement de bourses d’excellence du Gouvernement français (11 000 en 2023). La procédure Etudes en France, qui gère 95% des mobilités entrantes en France (hors pays de l’UE), a fait l’objet d’une présentation détaillée. Cette procédure qui est associée à une plateforme numérique, aujourd’hui obligatoire pour les étudiants de 68 pays dans le monde, a vocation à se développer.
Au cœur du dispositif, les établissements
Deux séances plénières et pas moins de deux ateliers ont mis en évidence le rôle central des établissements dans l’accueil et la vie étudiante.
La labellisation Bienvenue en France a d’abord fait l’objet d’une communication. A ce jour, 150 établissements sont labellisés tandis qu’une deuxième vague de labellisation se dessine, qui va désormais mieux prendre en compte comme critère de labellisation les Objectifs de Développement Durable.
C’est d’ailleurs dans ce domaine du care que l’action des établissements est la plus sensible. Deux ateliers ont souligné cet aspect d’accueil de proximité, l’un déroulant des exemples de sensibilisation au « respect des valeurs », tels que l’interculturalité, le respect de la laïcité ou encore la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. L’autre atelier a montré un exemple d’accueil online, la plateforme multi-établissements initiée par l’Université Paris Saclay et développée par l’Université numérique d’Ile-de-France, proposée à l’ensemble des établissements d'enseignement supérieur pour faciliter l’accueil et l’accompagnement de leurs étudiants. Au cours de ce même atelier, ont été évoquées deux autres actions favorisant l’accueil des internationaux : l’offre de volontariat de l’OFAJ ainsi que la Nuit des étudiants du monde.
Une autre séance plénière, celle qui a d’ailleurs ouvert le colloque, a porté sur « la précarité et la vulnérabilité étudiantes », notable chez un grand nombre d’étudiants. Sujet émergent depuis la crise sanitaire, la précarité étudiante a donné lieu à deux présentations d’études chiffrées, l’une de l'Observatoire de la Vie étudiante (OVE) montrant que la population des étudiants étrangers en France est une « population à risque », l’autre du SAMU social de Paris qui, nuançant ce propos, parle d’une « population en risque de fragilité ».
Jean-Michel Jolion, Délégué ministériel en charge de la concertation sur la vie étudiante, chargé d’une mission sur ce thème par la ministre, a souligné de son côté la triple précarité des étudiants internationaux (dans la vie étudiante, dans les études, en termes de réussite académique). Cependant les efforts consentis par le Gouvernement sont nombreux (aides alimentaires, gel des loyers du CROUS, repas à 1 euro, notamment). Le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche souhaite ainsi proposer prochainement un plan d’action qui serait porté par les territoires, avec un appui national et la participation active des établissements. Une conférence territoriale pourrait ainsi être lancée sur ce sujet, intégrant la thématique de l’accueil de l’étudiant international et de l’étudiant en exil.
Les territoires, enjeux de la coordination de la vie étudiante
Les territoires, qui ont fait l’objet d’une séance plénière, se trouvent ainsi placés au centre de cette notion de care. Un exemple de cette tendance a été fourni par le vice-président aux relations internationale de l’Université de La Rochelle, rappelant la création d’une Maison de l’International en 2021 que complètent de nombreux autres services.
La Région Nouvelle-Aquitaine et la Communauté d’agglomération de La Rochelle, représentées au colloque, ont fait état chacune des difficultés en matière de logement étudiant, une constante sur tout le littoral, et des expériences pour y remédier, notamment par la création de deux programmes immobiliers spécifiques.
Au-delà de ces exemples locaux, le ministère chargé de l’enseignement supérieur a été invité à intervenir pour présenter son projet de Schéma directeur de la vie étudiante, piloté notamment par Jean-François Maynier, chargé de projet Vie étudiante et territoires. Le ministère a en effet souhaité réfléchir à un nouveau schéma de la vie étudiante, perçue comme un vecteur de réussite et recentrée sur l’établissement avec ses spécificités locales (territoire et CROUS). A cet effet, un guide méthodologique, élaboré par un groupe de rédaction composé d’établissements, sera prochainement mis en ligne sur le site du ministère.
Les acteurs institutionnels, des démarches administratives quelquefois difficiles
Que la santé soit un levier pour la réussite des étudiants internationaux ne fait aucun doute. C’est pourquoi l’assurance maladie, avec l’accès aux soins et l’affiliation, a fait l’objet d’une des premières séances plénières du colloque. Selon le représentant de la Caisse nationale d’assurance maladie, pour plus d’efficacité, il est nécessaire d’adapter l’accompagnement des étudiants internationaux en délivrant des informations mieux ciblées et progressives pour mettre en place un « parcours d’intégration ». Pour y parvenir, la CPAM annonce notamment la diffusion prochaine d’une liste à jour des référents régionaux de la caisse et la traduction en quatre langues de supports d’information, une nouvelle boîte à outils, disponible à partir du 15 juin et qui sera relayée par Campus France.
Les visas et les titres de séjours qui restent, de l’aveu même des représentants du ministère de l’intérieur, le point faible de l’accueil des étudiants étrangers en France ont fait l’objet cette année d’une table ronde en plénière. En ouverture de cette séance, le ministère de l’intérieur a souligné l’importance capitale de la venue des étudiants internationaux en France. Rappelant que les visas étudiants sont en augmentation constante, les représentants du ministère ont présenté à nouveau le fonctionnement de l’ANEF (Administration Numérique pour les Etrangers en France), une plateforme numérique qui « globalement, fonctionne bien ». Pour autant, les visas étant « une matière vivante », le maître mot en la matière reste l’anticipation des délais dans le traitement des dossiers. Aussi, répondant à une demande générale et récurrente, le ministère de l’intérieur a-t-il annoncé la création et la diffusion très prochaine d’une liste de « référents attractivité » dans toutes les préfectures qui concerneront tous les types de visas étudiants et qui pourront venir en aide directement aux établissements.
En conclusion du colloque, la Directrice générale de Campus France, qui s’est réjouie de la richesse des échanges, a tenu à remercier l’ensemble des organisateurs, en particulier la Direction de l’accueil et de la vie étudiante de l’agence, ainsi que l’Université de la Rochelle pour son accueil. A ce propos, l’appel est lancé : quelle est la ville étudiante qui souhaite accueillir le colloque en 2024 ? Les candidatures sont ouvertes !
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