Rentrée littéraire 2025
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Rentrée littéraire 2025 : nos dix coups de cœur !

Tout public

La rentrée littéraire bat déjà son plein ! Dès la fin du mois d’août, la course aux grands prix de l’automne est ouverte. Cette année, près de 500 romans, 484 pour être exact, sont dans les starting-blocks : 344 romans écrits en français sont publiés cette rentrée, dont 73 premiers romans, et 140 traductions. Parmi cette multitude de lignes et de mots, nous vous proposons d’y voir plus clair, avec une petite sélection de 10 coups de cœur français ou francophones qui ont tous un lien avec l’étranger et les origines, au sens large des termes. 

Tous les romans de notre sélection partent à la recherche des origines, étrangères pour la plupart, mais disent aussi la façon d’être étranger dans un autre pays que le sien, étranger dans son propre pays, étranger à soi-même. 

 

1) Kolkhoze, par Emmanuel Carrère, Editions POL

Le « livre événement » de la rentrée, grand favori pour le Prix Goncourt, encensé par toute la critique. Kolkhoze est le nouveau « roman vrai » d’une famille sur quatre générations, qui couvre plus d’un siècle d’histoire, russe et française, jusqu’à la guerre en Ukraine.

Emmanuel Carrère s’empare de cette histoire, en explorant la vie de sa défunte mère, Hélène Carrère d’Encausse, figure intellectuelle et première femme secrétaire perpétuelle de l’Académie française, avec « un art consommé de la narration qui parvient à faire de leur histoire notre histoire ». On traverse la révolution bolchévique, l’exil en Europe des Russes blancs, deux guerres mondiales, l’effondrement du bloc soviétique, la Russie de Poutine et ses guerres, tout en pénétrant dans « une saga familiale à la fois follement romanesque, tragique, aux destins prestigieux ou plus modestes, parfois sombres et tourmentés ». Une fresque qui mêle archives familiales, mémoire intime et grands événements géopolitiques du XXe siècle, dans un style sobre et introspectif. 

 

 

2) Nous n'avons rien à envier au reste du monde, par Nicolas Gaudemet, Editions de l’Observatoire

Spécialiste des médias et de l’intelligence artificielle, Nicolas Gaudemet nous entraîne sur un tout autre terrain. Nous voici en Corée du Nord où chaque geste est surveillé et où deux adolescents découvrent l'amour. 

Yoon Gi est issue d'une classe inférieure, tandis que les parents de Mi Ran, membres de l'élite du Parti, l'ont déjà promise à un autre étudiant. Pourtant, un regard échangé lors d'une exécution publique va bouleverser leur vie. Sous l'oeil omniprésent des brigades de quartier et de la Sécurité d'État, « leur passion clandestine devient une résistance silencieuse ». Comment s’aimer dans une dictature où le moindre écart peut conduire en colonie de rééducation  ? Comment rêver de liberté quand tout invite à la soumission ? « Un roman bouleversant, à la fois récit intime et fresque politique, où la passion lutte pour exister dans l'horreur ordinaire d'un régime totalitaire », un Roméo et Juliette nord-coréen, qui « interroge sur les limites du courage, de la révolte et de l'espoir ».

 

3) Où s'adosse le ciel, par David Diop, Editions Julliard

Déjà Prix Goncourt des lycéens en 2018, le nouveau roman de David Diop, écrivain d’origine sénégalaise et enseignant-chercheur français, nous emmène à la fin du XIXe siècle, où Bilal Seck, le héros du roman, achève un pèlerinage à La Mecque et s'apprête à rentrer à Saint-Louis du Sénégal.

Une épidémie de choléra décime alors la région, mais Bilal en réchappe, sous le regard incrédule d'un médecin français qui cherche à percer les secrets de son immunité… En pure perte, puisque Bilal est déjà ailleurs, « porté par une autre histoire, celle qu'il ne cesse de psalmodier, un mythe immense, demeuré intact en lui, transmis par la grande chaîne de la parole qui le relie à ses ancêtres ». De l'Égypte ancienne au Sénégal, un roman magistral sur un homme parti « à la reconquête de ses origines et des sources immémoriales de sa parole », un récit puissant, une quête vers la liberté.

 

 

 

4) Le corbeau qui m'aimait, par Abdelaziz Baraka Sakin, Editions Zulma (roman traduit)

Ecrivain soudanais, l'une des voix majeures de langue arabe, Abdelaziz Baraka Sakin, censuré dans son pays et qui vit en exil entre la France et l’Autriche, publie cet automne un roman dans lequel on suit l'odyssée des migrants soudanais en Europe. 

Ils rêvent d'aller en Angleterre, quitte à traverser la Manche en montgolfière. C'était ainsi le rêve d'Adam, l'un des plus vieux pensionnaires de la « Jungle de Calais », qui a tout connu, des agressions policières aux moqueries cruelles des habitants, en passant par le désespoir et le spleen. Pour passer le temps, il parle aux corbeaux, en attendant de se lancer, lorsque l'opportunité se présentera, dans une énième traversée en direction de son pays de rêve. Véritable immersion dans la Jungle de Calais, « zone de non-droit où se regroupent sans se mêler les communautés venues d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie centrale, où la poésie sait aussi se nicher », Le corbeau qui m’aimait est un « roman sensible, engagé et humaniste ». 

 

5) Un amour infini, par Ghislaine Dunant, Editions Albin Michel

Ghislaine Dunant, née à Paris d’une mère française et d’un père suisse, a passé son enfance et son adolescence à Paris, New York et Bâle. Le roman qu’elle publie cette année installe le lecteur sur l’île de Ténérife.

Une rencontre de trois jours, en juin 1964, qui va être bouleversée par un événement tragique, entre un astrophysicien d’origine hongroise qui a dû fuir l’Europe et s’exiler aux États-Unis et une mère de famille française. Alors que rien ne devrait les rapprocher, leurs conversations sur leurs passés distincts et l’exploration de l’île vont les ouvrir profondément l’un à l’autre. Les sujets de l’astrophysicien (le ciel, l’univers, la Terre) rejoignent la sensibilité de celle qui a toujours eu une approche sensitive des êtres. Leur désir réciproque va s’accompagner de la puissance des éléments qui les entourent. Un homme et une femme que rien ne destinait à se rencontrer, et pourtant, un soir et durant quelques jours, « naîtra l'une des plus belles rencontres amoureuses écrites ces dernières années ». 

 

6) Tovaangar, par Céline Minard, Editions Rivages

Avec Tovaangar, Céline Minard, écrivaine qui exploite des genres littéraires différents, mais souvent de science-fiction, porte ici « une version lumineuse du monde d’après » dans une « fiction d’anticipation salutaire ».

Si la civilisation humaine n’est plus, ses vestiges demeurent, énigmatiques et insistants. Les règnes de la matière et du vivant s’enchevêtrent avec de nouvelles lois, de nouveaux codes, un nouveau langage. Autour de ce qui reste d’une ville, Los Angeles, renommée Hidden, dont la géographie est omniprésente, le roman décrit un univers d’êtres insolites et fascinants. Des déserts aux canyons, en passant par les forêts et les cours d’eau, les héros découvrent une faune et une flore luxuriantes, mais aussi des cultures ayant tissé un lien inédit avec leur environnement. Porté par une écriture « à la croisée des genres et à l’ampleur inégalée, ce roman au souffle épique nous emporte dans une aventure littéraire inouïe ». Un « grand récit démiurgique », une « fable philosophique et écologique sur le réenchantement du monde ».

 

 

7) La nuit au cœur, par Nathacha Appanah, Editions Gallimard

Nathacha Appanah, journaliste et écrivaine d’origine mauricienne, dont la famille descend d’Indiens immigrés à Maurice, vit en France. Elle publie ici un « livre coup de poing », ouvrant des brèches dans les ténèbres de l'âme humaine, sur le thème du féminicide.

Il y a « l’impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d’une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du cœur, du corps, de l’esprit ». Le récit entrelace ainsi trois histoires de violence conjugale : Chahinez, Algérienne de 31 ans, brûlée vive par son mari en pleine rue près de Bordeaux, en 2021, Emma, la cousine de l'auteure qui vivait à l'île Maurice écrasée volontairement par son mari au volant de sa voiture et les violences conjugales dont Nathacha Appanah elle-même fut victime et qui ont failli la consumer. La nuit au cœur se situe sur le fil entre force et humilité, car Nathacha Appanah scrute « l’énigme insupportable du féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l’amour ».

 

8) L'homme qui lisait des livres, par Rachid Benzine, Editions Julliard

La littérature est-elle plus forte que la mort ? C'est la question que pose Rachid Benzine, écrivain d’origine marocaine et aujourd’hui enseignant en France, dans un roman où, dans les ruines fumantes de Gaza et les pages jaunies des livres, un vieux libraire attend. 

Il attend quoi ? Peut-être que quelqu'un s'arrête enfin pour l’écouter. Car les livres qu'il tient entre ses mains ne sont pas que des objets, ils sont « les fragments d'une vie, les éclats d'une mémoire, les cicatrices d'un peuple ». Quand un jeune photographe français pointe son objectif vers ce vieillard entouré de livres, il ignore qu'il s'apprête à traverser le miroir. Commence alors « l’odyssée palestinienne d'un homme qui a choisi les mots comme refuge, résistance et patrie ». De l'exode à la prison, des engagements à la désillusion politique, en passant par les drames, sa voix porte « dans un monde où les bombes tentent d'avoir le dernier mot ». Mais il rappelle que « les livres sont notre plus grande chance de survie, non pour fuir le réel, mais pour l'habiter pleinement. Comme si, au milieu du chaos, un homme qui lit était la plus radicale des révolutions ».

 

9) La Forêt de flammes et d'ombres, par Akira Mizubayashi, Editions Gallimard

Akira Mizubayashi, écrivain japonais d'expression française, est un alumni français qui a commencé ses études à Tokyo pour les finir à Montpellier avant d’entrer à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm ! 

Dans son nouveau roman, il propose une histoire particulièrement émouvante, en continuant d’explorer ses thèmes familiers, « le désastre des nationalismes fauteurs de guerre, l’art, recours essentiel contre la folie des hommes ». L’auteur transporte ici le lecteur à Tokyo, en décembre 1944. Embauché dans un centre de tri postal, le héros, Ren Mizuki, y rencontre deux autres étudiants qui partagent sa passion pour la culture et l'art européens : Yuki, qui deviendra sa compagne, peintre elle aussi, et Bin, un violoniste promis à une carrière internationale, qui restera à jamais son frère d'élection. En 1945, Ren est appelé en Mandchourie dans l'enfer des combats. Défiguré, mutilé, il en rentre persuadé qu'il ne pourra plus jamais tenir un pinceau. L'amour de Yuki sera-t-il capable de renverser un destin ? 

 

10) Aucune nuit ne sera noire, par Fatou Diome, Editions Albin Michel

Fatou Diome, écrivaine d’origine sénégalaise, met ici en scène une rencontre avec celui à qui elle dédicace tous ses livres, son grand-père. Entre appel des souvenirs et invocations, force de l’émotion et saisissement de la langue, « ce récit tendre et intime nous livre à mots couverts le secret d’une relation authentiquement forte et fondatrice ».

La romancière sénégalaise, qui s’est fait connaître en 2003 avec son inoubliable Le Ventre de l'Atlantique, a atteint aujourd’hui une reconnaissance internationale. Parmi les principaux thèmes explorés dans ses oeuvres , notamment l'impact de la colonisation, l'identité et l'exil, émergent souvent les thèmes de l'immigration et la relation entre la France et le continent africain. Dans ce nouveau roman, l’écrivaine renoue avec cette « veine océane » à travers un récit qui ressuscite la figure inoubliable et attachante d'un grand-père, pêcheur dans le Saloum. Avec « nostalgie et tendresse infinie », elle brosse le « portrait intime de ce grand-père courage auprès duquel la petite Fatou a appris l'art de vivre, en se plaçant toujours au-dessus du tumulte des vagues qui viennent s'écraser sur le sable mouvant du vivant ». 

 

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Publié le : 02/09/2025 à 15:57
Mis à jour le : 02/09/2025 à 17:27
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