Philippe Aghion lauréat du prix Nobel d'économie : « Fierté française, inspiration mondiale »

Image

Ill. Niklas Elmehed © Nobel Prize Outreach

« Bravo à Philippe Aghion (…). Par sa vision de la croissance par l’innovation, il éclaire l’avenir et prouve que la pensée française continue d’éclairer le monde. Fierté française, inspiration mondiale ». C’est en ces termes que le Président de la République française a félicité l’économiste après l’annonce des prix Nobel, des prix qui saluent leur contribution à la compréhension des moteurs de la croissance. Par ce prix, l'Académie royale des sciences de Suède consacre des chercheurs qui ont chacun à leur manière mis en évidence l'importance de la création et de la détention de l'innovation technologique dans la réussite des entreprises et la croissance économique des pays. 

Carrières internationales et collaborations de haut niveau

Plus exactement, comme l’explique le ministère français de l’économie, Joel Mokyr est consacré par ce prix « pour avoir identifié les conditions préalables à une croissance durable grâce au progrès technologique », tandis que Philippe Aghion et Peter Howitt le sont précisément « pour leur théorie de la croissance durable à travers la destruction créatrice ». Ce prix Nobel partagé vient ainsi valoriser des carrières internationales et des collaborations scientifiques de haut niveau sur des recherches qui se complètent.

La carrière internationale de Philippe Aghion est en effet très éloquente : professeur au Collège de France, à l'INSEAD et à la London School of Economics, il est aussi passé par l'Université d'Oxford et l'University College de Londres, et il a enseigné à l'Université d'Harvard. Il est également membre du Cercle des économistes et associé à l’École d'économie de Paris et co-président du Comité de l'intelligence artificielle générative depuis 2023.

Innovation et croissance économique

Selon le ministère de l’économie qui retrace sa carrière, Philippe Aghion a modélisé dès 1992, dans un article conjoint avec Peter Howitt, « les conséquences de l'arrivée sur le marché de nouveaux produits sur les entreprises dont les technologies devenaient obsolètes ». En ce sens, il complète les travaux de l'économiste américain d'origine autrichienne Joseph Schumpeter sur la destruction créatrice, qu'il définit comme « le processus par lequel de nouvelles innovations viennent constamment rendre les technologies et activités existantes obsolètes ».

Un des points clefs de cette démonstration, commente à son tour le ministère français de la recherche, est que « l’innovation résulte d’incitations économiques, d’aspects concurrentiels, des investissements en R&D et du cadre institutionnel ». Cette théorie, note le ministère, a été utilisée pour « analyser la conception des politiques de croissance et le rôle de l'État dans le processus de croissance ».

Stratégie pour l’IA et optimisme de combat

Les travaux conduits par Philippe Aghion ont également inspiré l'effort français en faveur de l'investissement dans les nouvelles technologies qui ont permis de « faire de la France le premier écosystème d'investissement technologique de l'Union européenne », se félicite encore le ministère de l’économie. 

Philippe Aghion a en effet co-rédigé le récent rapport « IA, notre ambition pour la France », un rapport qui a contribué à élaborer une nouvelle stratégie nationale pour l'intelligence artificielle. Dans ce texte, remis au Gouvernement en 2024, l’économiste plaide pour « faire de la France un pays à la pointe de la révolution de l'intelligence artificielle ». Il recommande notamment de « réorienter structurellement l'épargne vers l'innovation », en assumant le « principe d'une exception IA dans la recherche publique » et en promouvant « une gouvernance mondiale de l'IA ». Et l’économiste d’ajouter, dans une interview donnée au CNRS : « Je prône l’optimisme de combat. Il y a une issue à la crise que nous traversons ».