Colloque de l'accueil 2025

Colloque de l’accueil 2025 : comment, à tous les niveaux, mieux accueillir les étudiants internationaux

Tout public

Un succès qui ne se dément pas : la 11e édition du Colloque de l’accueil des étudiants internationaux de Campus France a réuni plus de 400 participants issus de près de 150 établissements dont la plupart des universités françaises et 80 écoles. Organisé cette année à Caen, le Colloque a bénéficié de l’aide de l’Université de Caen Normandie ainsi que du partenariat de la ville et de l’agglomération.

Dans la session d’ouverture, Lamri Adoui, Président de l’université de Caen Normandie, hôte du colloque, et Président de France Universités, a tenu à préciser que cette université, créée en 1432, était la 3e plus ancienne université au monde avec Oxford et Cambridge. Au-delà de cette longue et prestigieuse histoire, le Président a rappelé les événements de juin 1944, le débarquement de Normandie, et ce que la France doit à la solidarité internationale, faisant de Caen un territoire où les valeurs humanistes de l’accueil sont toujours très vives : sur les 33 000 étudiants que compte l’Université, 3700 d’entre eux sont internationaux. Ces valeurs, « celles de l’accueil, de l’hospitalité, de l’ouverture à l’autre », ont également été soulignées par Donatienne Hissard, Directrice générale de Campus France, dans son intervention d’ouverture.

Rappelant que la France reste un acteur majeur de la mobilité internationale des étudiants mais que sa position dans le classement des pays d’accueil se fragilise, la Directrice générale a constaté que la France se place désormais au 7e rang mondial des pays d’accueil d’étudiants internationaux. Situant sa prise de parole dans un contexte international à la fois troublé et toujours concurrentiel, la Directrice générale de Campus France a souhaité placer cette année les débats sous le signe du « comment » et non plus du « pourquoi », au moins provisoirement. Comment mieux accueillir ? Comment relever ensemble ces défis communs ? C’est donc le comment et le pourquoi, les tenants et les aboutissants de l’accueil des étudiants internationaux qui ont cette année été au centre des débats.

 

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Colloque de l'accueil 2025

 

Comment évaluer l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux ?

Moment fort du Colloque 2025, la présence de François Saint-Paul, Conseiller maître à la Cour des comptes, qui venait présenter le rapport publié en mars dernier, dont il est l’un des principaux auteurs, sur l’attractivité de la France. Fruit de plus d’un an de travail, ce rapport met en avant les impacts de la politique d’attractivité, les difficultés dans sa mise en œuvre et des recommandations pour y remédier.

La Cour des Comptes relève que l’accueil a fait quelques progrès grâce notamment à la création du label Bienvenue en France, mais que de nombreux points restent à améliorer : les visas et titres de séjour, et notamment les délais et les disparités territoriales dans leur délivrance. Le financement de l’attractivité est aussi mis en cause, un financement qui pourrait être amélioré avec une meilleure mise en œuvre des droits différenciés dans les établissements. La Cour relève aussi la nécessité d’accroître encore l’offre de formation en anglais, de développer le FLE et de clarifier la reconnaissance des diplômes. Elle souhaite aussi mieux apprécier l’impact économique et sur le marché de l’emploi de l’accueil des étudiants internationaux. Pour mieux juguler la précarité des étudiants internationaux et les fréquentes difficultés de logement, elle préconise de relever le seuil minimum de ressources exigé des étudiants internationaux (de 615 à 860 euros), elle encourage enfin à mieux prendre en compte les « free movers » dans la chaîne de l’accueil.

 

Comment mieux délivrer visas et titres de séjour ?

Premier point mis en avant par la Cour des comptes, la délivrance des visas et titres de séjours a fait l’objet de la très attendue et traditionnelle séance plénière qui s’est doublée cette année d’un atelier sur le même thème. Les chiffres clés montrent d’abord que l’immigration étudiante est le 1er flux migratoire vers la France depuis 2021. Pour 2024, 157 670 visas ont été délivrés aux étudiants, soit une légère baisse (-3%) de ces visas VLS-TS par rapport à l’année précédente. Les principaux pays bénéficiaires des visas pour études : le Maroc, l’Algérie, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis. Pour 2025, ces chiffres sont en hausse et devraient se stabiliser : au 31 mars, 825 000 demandes de visas (de tous types) ont été enregistrées (+4% par rapport à 2024).

Parmi les nouveautés notables, les représentants du ministère de l’intérieur ont mis en avant la dématérialisation des procédures. Une expérimentation a en effet été conduite dans cinq postes diplomatiques (Lomé, Singapour, Hanoï, Tananarive, Istanbul) pour numériser totalement les justificatifs pour les demandes de visa long séjour pour études.

De son côté, Ludovic Guinamant, Sous-directeur du séjour et du travail à la direction de immigration du ministère de l’intérieur, a insisté sur les avantages de la carte Talents en proposant une focale sur « l’après études ». Le titre Talents, qui constitue une priorité gouvernementale pour attirer justement les « talents internationaux », bénéficie actuellement à plus de 111 000 anciens étudiants internationaux qui exercent une activité professionnelle en France. Cette spécificité française, qui dispense notamment d’autorisation de travail, bénéficie aux étudiants de 128 nationalités. Elle est dédiée aux salariés qualifiés, chercheurs, porteurs de projets innovants, artistes…

 

Comment améliorer les conditions de séjour post-diplôme ?

C’est justement sur cet aspect précis de la mobilité internationale que Campus France vient de publier une « Comparaison des conditions de séjour post-études des diplômés internationaux dans les grands pays d’accueil », présentée en avant-première en séance plénière au Colloque. Cette publication montre comment certains étudiants, une fois diplômés, cherchent à acquérir une première expérience professionnelle dans le pays où ils ont étudié « pour renforcer leur employabilité dans leur pays d’étude et se construire une carrière internationale ». Pour les pays d’accueil, estime Campus France, ces diplômés internationaux représentent « une réserve de main d’œuvre intéressante, temporaire, qui peut correspondre à des besoins ». 

Ainsi, dans le domaine de la recherche, il peut s’agir d’une « opportunité de lancer plus profondément des coopérations scientifiques et technologiques ». Pour la France, les possibilités de séjour post-études se situent dans la moyenne des pays de l’UE. Mais, souligne Guillaume Tétard, chargé d'études et de statistiques à Campus France et auteur de cette étude, « plus le pays est attractif pendant les études, plus les étudiants souhaitent y rester pour travailler »…

 

Comment mieux accueillir les chercheurs internationaux ?

Cette question de l’accueil des chercheurs a été d’autant plus d’actualité que le Colloque de l’accueil de Campus France se tenait juste après le colloque Euraxess, le réseau de centres de services pour les chercheurs créé par la Commission européenne, qui se déroulait également à Caen. C’est donc tout naturellement que l’une des séances plénières du Colloque a été consacré à la convergence des politiques d’accueil pour les étudiants et les chercheurs.

Agathe Kervella, Coordonnatrice du réseau Euraxess France, a ainsi présenté les 43 réseaux nationaux et les neuf réseaux présents dans le monde qui ont tous pour but de faciliter la mobilité et la carrière des chercheurs et plus généralement de renforcer l’attractivité de la recherche, en offrant une palette de services gratuits. Parmi ceux-ci : la préparation du séjour en France (formalités, visas, titre de séjour, autorisation éventuelle de travail), l’installation en France (aide à la recherche de logement, démarches administratives au quotidien), l’intégration (cours de français, activités sportives et de loisirs).

Autant de points que Karine Mouchelin, Directrice de l’accueil et de la Vie étudiante à Campus France a rapproché de ce qui est fait pour les étudiants internationaux grâce notamment à un travail en réseau : au niveau des établissements, avec le Forum Campus France, l’accueil des Espaces Campus France dans le monde, mais aussi les cinq délégations régionales que compte l’Agence en France.

 

Comment accueillir les chercheurs et étudiants en exil ?

Cet aspect de l’accueil des chercheurs est particulièrement important concernant les chercheurs et les étudiants en exil. C’est pourquoi ce thème a fait l’objet d’une séance plénière et d’un atelier, abordé cette année de multiples façons : des récits d’expériences d’accueil en plénière et des définitions institutionnelles de l’exil, en atelier.

Qu’est-ce qu’un étudiant ou un chercheur en exil ? Selon l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), il s’agit de « toute personne qui quitte son lieu de résidence habituelle pour s’établir à titre temporaire ou permanent et pour diverses raisons (…) dans un autre pays, franchissant ainsi une frontière internationale ». Parmi les deux cas évoqués, le cas des réfugiés et celui de la protection temporaire, un point important a été développé concernant la protection temporaire accordée aux Ukrainiens. Celle-ci a fait l’objet d’une décision de la Commission européenne et d’une circulaire d’application en France qui prévoit un droit au travail et des droits sociaux-économiques. Concernant notamment les étudiants ukrainiens, les Universités de Bordeaux Montaigne et de Clermont Auvergne ont fait part de leurs expériences, de l’importance d’un travail en réseau avec notamment le réseau MENS, le réseau pour l’accueil des étudiants en exil, qui compte 56 établissements membres et qui accueille chaque année 1800 étudiants en exil.

 

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Colloque de l'accueil 2025

 

Comment accueillir les étudiants internationaux porteurs de handicap ?

D’autres particularités ont été évoquées au cours de ce colloque et, pour la première fois, l’accueil des étudiants en situation de handicap. Si le nombre d’étudiants internationaux en situation de handicap n’est pas connu, ce sujet, transversal par excellence, fait désormais partie des critères permettant aux établissements d’obtenir le label Bienvenue en France.

Pour les participants à la table ronde, la loi handicap qui prévoit une égalité de droits notamment pour les étudiants, n’est qu’un des maillons de l’inclusion. Depuis juillet 2024, une circulaire fixe en France les « droits fondamentaux » des étudiants en situation de handicap qui s’applique également aux étudiants internationaux. D’autres initiatives voient le jour : un webinaire de sensibilisation à destination des Espaces Campus France, la préparation d’un document ressource (une Fiche repère), l’implication de la CVEC dans le financement de la prise en charge. Au demeurant, tous les intervenants s’accordent sur le fait que l’accueil et l’intégration de ces étudiants dans les établissements ne peut se faire qu’en coopération étroite des services internationaux et de ceux qui sont chargés du handicap.

 

Comment assurer le bien-être des étudiants internationaux ?

Deux tables rondes et ateliers peuvent prétendre au traitement de ce thème : ceux qui concernent la santé mentale des étudiants et un atelier sur les formations interculturelles.

La santé mentale des étudiants et des doctorants a d’abord donné lieu à une présentation de dispositifs par deux Universités, Lille et Caen Normandie. De façon générale, l’intervenante de Lille a souligné que 62,5% des troubles psychologiques interviennent avant l’âge de 25 ans et que trois étudiants sur dix sont concernés. Parmi ceux-ci, seul un quart d’entre eux bénéficie d’un traitement adapté. Concernant les facteurs de risques, ils sont essentiellement de deux natures : la situation économique de l’étudiant, sa situation sociale et relationnelle. Cette situation semble plus sensible chez les doctorants, avec d’autres difficultés liées au financement de la recherche, à la précarité des carrières ou à l’enjeu des publications.

Pour les étudiants internationaux, ces problèmes de santé mentale concerneraient près de 44% de la population. Ils seraient essentiellement dus au « choc culturel », à la barrière de la langue, à l’isolement, sans compter les problèmes liés au logement ou à la situation économique. Pour tous les étudiants, qu’ils soient nationaux ou internationaux, les intervenants rappellent que la porte d’entrée est toujours le SSE (Service de santé étudiante), auquel s’ajoutent différents dispositifs en collaboration notamment avec le CROUS et les services internationaux, comme le CSME (Conseil de santé mentale des étudiants) ou le projet ESOPE (Equipe de soins et d’orientation de psychiatrie pour les étudiants) à l’Université de Lille. A noter, à Caen, l’existence d’un SST (Service de santé au travail) qui peut prendre en charge les doctorants en souffrance psychologique.

La sensibilisation à l’interculturalité peut être un bon moyen d’améliorer la santé mentale et, notamment, d’atténuer le « choc culturel ». Présenté au cours d’un atelier très vivant cette nécessité de l’apprentissage (et de la prise de conscience) de l’interculturalité a mis en évidence ce qui devrait motiver chacun à s’adapter à l’autre. Après avoir défini ce qu’est la culture, l’intervenante a insisté sur le fait d’envisager l’étudiant international dans sa globalité, en le considérant comme une personne et non pas seulement comme un étudiant.

A noter encore, sur ce thème du bien-être étudiant, une séance plénière consacré à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’accueil international. Rappelant la différence entre IA génératives (ChatGPT, par exemple) et IA adaptatives, les intervenantes ont souligné le risque des vulnérabilités face à l’IA : fracture numérique, dépendance, « effet d’autorité » et, surtout, absence de relationnel. Si l’IA peut offrir un « accueil augmenté », il ne peut en aucun cas remplacer la relation humaine.

 

Comment associer les territoires à l’accueil international ?

Bien accueillir un étudiant international, c’est aussi souvent « coller aux besoins d’une région », comme l’a souligné Olivier Chiche-Portiche, Directeur de la coordination géographique à Campus France. En Normandie, par exemple, il existe un vrai besoin d’attirer les talents dans le nucléaire civil. Comment répondre à ces besoins ?

C’est dans cette perspective qu’une convention de partenariat a été signée par Donatienne Hissard pour Campus France et Marc Millet, Conseiller régional, pour la Région Normandie. Cette convention, témoignage d’un « partenariat porteur d’avenir », a pour but de renforcer le lien entre les établissements et la Région dans le domaine des filières des énergies renouvelables et du nucléaire civil. Grâce à cette convention, qui peut inspirer d’autres régions, Campus France souhaite promouvoir ce genre d’initiatives qui montrent que la France dans son ensemble est « un grand pays technologique et industriel ».

 

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Colloque de l'accueil 2025

 

Comment mieux donner la parole au terrain ?

Deux nouveautés enfin dans le Colloque de l’accueil 2025, deux initiatives qui ont eu pour but de mieux donner la parole aux acteurs de terrain. La première, une « poster session », a permis à une dizaine d’établissements de présenter leurs initiatives originales en matière d’accueil des étudiants internationaux.

 

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Colloque de l'accueil 2025

 

La deuxième, un atelier participatif, a réuni l’ensemble des participants au sein d’ateliers simultanés qui ont planché sur trois questions :

  • dans un monde idéal, sans contrainte de moyens ou de temps, quel serait le projet ou le dispositif que vous souhaiteriez mettre en place pour améliorer l’accueil dans votre établissement ?`
  • dans votre contexte de travail, quels sont les obstacles que vous souhaiteriez voir disparaitre ou évoluer ?
  • sur le sujet de l’accueil et de l’accompagnement des internationaux, Campus France propose chaque année un colloque, des webinaires, des supports de communication. Quelles seraient vos suggestions d’amélioration ?

Des questions dont la Directrice générale de Campus France s’est inspirée pour son intervention de clôture. A la première question, dans leurs « rêves les plus fous », les participants ont émis l’idée d’obtenir « la plateforme des plateformes », celle qui permettrait à l’étudiant international de suivre l’évolution de toutes ses demandes ! Quant à la deuxième, il s’agirait tout simplement que tous les étudiants internationaux soient logés partout et à faible coût… Plus réaliste, des réponses à la question trois font état de l’organisation d’un colloque de l’accueil qui pourrait être complété par des formations régionales et en ligne. 

 

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Publié le : 12/06/2025 à 09:31
Mis à jour le : 12/06/2025 à 11:35
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